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Quelles sont les avancées technologiques majeures actuelles, et quelles sont leurs applications dans la sphère financière ?

Frédéric Massy, directeur marketing et communication chez ITESOFT : De nouvelles vagues technologiques arrivent régulièrement sur le marché : blockchain, IA, RPA, machine learning… Elles suivent invariablement le même cycle d’attentes parfois disproportionnées suivies de désillusions, avant de trouver des applications métier concrètes au sein des organisations. Notre conviction reste que les technologies doivent avoir pour objectif de rendre une organisation plus performante, à savoir plus intelligente, plus rapide et plus sûre.

Si les cas d’usage potentiels pour les nouvelles technologies sont nombreux, il faut remettre ces dernières dans une perspective de plus long terme. Certes, elles permettent la transformation d’une tâche ou d’une opération sur laquelle elles sont employées, mais au final c’est l’automatisation d’un processus de bout en bout et dans son intégralité qui crée de la valeur. Il nous semble également que des technologies disponibles depuis plusieurs années comme la dématérialisation ou le cloud représentent toujours pour les entreprises un formidable potentiel de productivité pour les organisations ; dans ce contexte, les nouvelles avancées mentionnées (IA, blockchain, etc.) sont un levier pour les enrichir et les rendre plus performantes.

Quelles sont les limites actuelles aux avancées ?

Frédéric Massy : Les technologies en tant que telles n’ont pas de limites théoriques. En revanche le premier facteur limitant est certainement la capacité d’adoption : formation des collaborateurs, organisation en place, ressources spécialisées, contraintes réglementaires, sécurisation des échanges.

Le second facteur tient au fait que, si l’expérimentation est un point de passage nécessaire, l’identification des cas d’usages pertinents est parfois plus complexe, entre autres parce que ces technologies doivent s’inscrire dans un écosystème qui va au-delà de l’entreprise. Dans ce contexte, nous pensons que notre rôle d’éditeur est précisément d’investir par nos efforts de R&D dans ces technologies pour les intégrer dans nos applications et services et, ainsi, d’en faciliter l’usage et d’accélérer les bénéfices pour nos clients.

Dans ce contexte, les approches cloud et SaaS représentent un potentiel de démocratisation important pour réduire la complexité de déploiement et nous le constatons tous les jours au sein de la fonction finance.

Quel est le degré d’importance des données dans l’essor des technologies ?

Frédéric Massy : La donnée est le carburant de la transformation digitale. Elle est au cœur de la performance, permettant de piloter l’organisation et ses processus en temps réel et de prendre des décisions informées. Elle est également essentielle pour nourrir les algorithmes d’IA et en optimiser les résultats. Le défi principal d’une organisation, et les directions financières n’y échappent pas, c’est de disposer d’une donnée fiable, exhaustive et valide.

Une étude récente de l’AIIM montre que le volume d’information reçue par une entreprise va encore doubler dans les deux prochaines années et que plus de la moitié de ce volume correspond à une information non structurée, à savoir des documents au format papier ou image, comme le PDF.

La capacité à reconnaître et extraire à moindre coût les données critiques et essentielles au bon fonctionnement de l’organisation est donc un enjeu majeur. Par ailleurs, la sécurisation et la fiabilisation de ces données sont aujourd’hui primordiales tant le digital ouvre de nouveaux risques pour les entreprises, entre autres de fraude. Ce sont deux domaines dans lesquels nous investissons massivement pour proposer des innovations de rupture à nos clients.

Quelle est la situation et la position de la France dans la digitalisation par rapport au reste du monde ?

Frédéric Massy : La France a une réelle culture scientifique et de l’innovation technologique, en revanche la mise en œuvre peut parfois manquer du pragmatisme anglo-saxon. En matière de digitalisation des processus, nous constatons que les grands groupes français opèrent désormais sur des modèles similaires à ceux de leurs homologues européens, dans le contexte réglementaire qui leur reste propre et en fonction de l’adoption des technologies par leurs parties prenantes – fonction publique, clients, fournisseurs.

Il n’en reste pas moins que de nombreux processus sont encore candidats à la dématérialisation. Les entreprises de taille intermédiaire ont pour leur part un potentiel encore important de digitalisation de leurs processus. Grâce aux solutions SaaS et à des modèles plus simples, délivrant immédiatement de la valeur, nous constatons une réelle appétence pour accélérer les investissements.

A qui s’adressent les outils de dématérialisation ?

Frédéric Massy : La dématérialisation a d’abord eu pour objectif d’éviter de faire circuler un document papier et de pouvoir l’indexer, l’archiver et le retrouver. Aujourd’hui, la dématérialisation doit véritablement avoir pour objectif d’accélérer et de fiabiliser les décisions en digitalisant l’ensemble d’un processus. Dans ce dernier contexte, elle concerne toutes les entreprises, petites ou grandes. Le cloud et les applications en mode SaaS ont ouvert au plus grand nombre l’accès à des processus dématérialisés, tels que le traitement de factures fournisseur et le processus purchase-to-pay.

En s’appuyant sur ces solutions, chaque entreprise peut réduire fortement ses coûts, accélérer ses traitements et piloter ses processus. Par ailleurs, on passe actuellement d’approches technologiques à des approches métier avec des bénéfices quantifiables qu’il faut rendre plus rapidement et simplement accessibles. Par exemple nous avons fait le choix de pousser de manière unique les bénéfices du cloud dans nos solutions, en mutualisant la donnée et les référentiels au-delà même des infrastructures ; à l’image de l’application Waze qui permet de bénéficier de l’information de centaines de conducteurs, les données de nos centaines de clients améliorent en continu les performances de dématérialisation pour chacun d’entre eux.

Les blockchains et l’IA sont-elles réellement les révolutions annoncées ?

Frédéric Massy : Le machine learning est déjà implémenté dans de nombreuses applications. On l’utilise pour la reconnaissance de documents, la détection de fraude, la reconnaissance vocale... La blockchain, elle, va permettre de sécuriser les échanges de données et de documents au sein d’un écosystème. Par exemple, on peut stocker l’empreinte d’une facture dans la blockchain afin de s’assurer que celle-ci n’a pas été modifiée depuis son émission. On aurait donc une sécurisation à 100 % des flux grâce à cette technologie collaborative.

C’est une perspective encourageante, mais nous en sommes encore loin et c’est la raison pour laquelle nous investissons également sur des technologies uniques de fiabilisation des transactions sur les documents papier ou numériques.

La fonction finance devient-elle le moteur de la transformation numérique et de l’innovation ?

Frédéric Massy : Le DAF est au cœur de la transformation digitale des entreprises. Sa maîtrise des chiffres lui permet de modéliser et de piloter la valeur apportée par les projets de transformation. Il a également un rôle clé dans la réduction des risques de conformité ou de fraude liés à la digitalisation des processus. Comment aujourd’hui accepter de perdre 1 % d’EBIT sur un risque mal détecté quand il est plus difficile que jamais de générer 2 % de croissance ?

Par ailleurs, si la fonction finance reste le garant de la production de données financières à moindre coût, il est attendu qu’elle joue un rôle plus stratégique. La transformation des processus financiers est un levier de productivité pour permettre de focaliser les collaborateurs sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Enfin le DAF sera d’autant plus légitime dans son rôle de leader qu’il aura réalisé la transformation digitale de sa propre direction. Selon notre baromètre «Future of Finance», les projets de dématérialisation du processus P2P sont le fer de lance de la transformation digitale dans les métiers de la finance car 57 % des répondants affirment avoir un projet à court ou moyen terme. C’est une excellente vitrine car c’est un processus transverse très visible par toutes les directions.

La réglementation : frein ou accélérateur de la numérisation ?

Frédéric Massy :  La réglementation est autant un frein qu’un levier de productivité, selon le prisme par lequel on l’observe. Les évolutions réglementaires encouragent la numérisation : une facture PDF envoyée par mail a désormais la même valeur qu’une facture papier, et la copie fiable permet de ne garder que la copie numérique d’un document reçu au format papier.

Ces évolutions n’ont été réalisées que grâce à l’impulsion de l’Etat. Pour autant, la réglementation arrive souvent en retard des avancées technologiques, dont le rythme s’accélère considérablement depuis plusieurs années. C’est pourquoi il est important que les solutions choisies par les entreprises puissent faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité face aux évolutions réglementaires et ordonnances qui nécessitent des refontes de processus sur des délais parfois très courts.